lundi 5 août 2013

Le Livre Migrateur prend ses quartiers d’été dans les camps peuls. Récit d’une expérience par Yohan Laffort



Nous voilà partis vers « Bankuru  » et « Nielbaba », deux villages peuls Gando situés au sud de Kalalé-centre.

Après avoir quitté la piste principale au sud de Kalalé, les zems (motos-taxis) empruntent une petite piste de couleur ocre qui serpente à travers champs, parsemée de quelques maisons çà et là. Confectionnées en banco (latérite), coiffées de toits en paille ou en tôle, des maisons annoncent les villages traditionnels Gando.

Nous partons en quête des enfants de ces villages, en vacances à ce moment de l’année. Lors de l’année scolaire, ils restent à demeure chez les pères SMA de la Mission Catholique de Kalalé pour pouvoir aller à l’école. Les mercredis et samedis après-midi, hors temps scolaire, ils avaient l’habitude de se retrouver lors des ateliers lecture proposés par  l’ALM.
Au bout de quelques kilomètres, les premières habitations du village de Bankuru  se dévoilent, et oh, surprise ! Une petite fille, Sebo, reconnait Camilla et accourt à notre rencontre ! Quelques enfants, Sebo, Faouzia, Hawah , Foussaïda, Assia -surtout des filles, car les garçons étaient au champ avec leurs parents - prennent place, vaille que vaille, sur les deux zems (moto-taxi), en direction de l’autre village, plus éloigné : la piste escarpée fait place à un chemin, bosselé, chaotique. Les motos rechignent à l’ouvrage mais notre motivation nous pousse à franchir l’obstacle pour rejoindre le deuxième camp peul de Nielbaba.      
Nous voilà enfin ! C’est un peu l’étonnement et l’évènement du jour pour les quelques habitants présents, notamment les femmes affairées à la cuisine ou au battage des noix de karité, mais aussi les vieux, dont le chef du village. Il faut dire qu’en dehors des Pères SMA de la de Kalalé, les Blancs ne s’aventurent pas dans ces villages reculés...
Une fois que les femmes ont réussi à réunir les enfants dispersés dans le village, tout ce petit groupe s’assoit en demi-cercle à l’ombre d’un arbre. Les plus jeunes, ceux qui ne sont pas scolarisés nous rejoignent. Les enfants piaffent d’impatience, espiègles, rieurs, ils laissent place au silence lorsque Camilla prend la parole. Après la découverte des gorilles, dont les mimiques les fascinent, c’est l’histoire de M’Toto de Anne Wilsdorf qui recueille le plus de suffrages. 




 Les enfants écoutent, bouches bées, les mésaventures de ce crocodile si attachant et, mine de rien, participent, répondent aux questions de Camilla, s’écoutent parler. Peu à peu, quelques curieux se rapprochent du cercle : des jeunes femmes avec leurs bébés, des cultivateurs...Certains s’accroupissent, puis s’assied.






C’est l’heure du Petit Chaperon rouge !! L’excitation des enfants est à son comble, la petite  Hawa revêt la fameuse cape rouge devant ses camarades pressés de réentendre ce conte qu’ils connaissent manifestement par cœur ! La jeune fille prend le rôle du Petit Chaperon rouge très au sérieux tandis que le loup lui répond. Les enfants sont toujours aussi curieux et émerveillés devant les images qui défilent et répètent, avec Camilla, les aventures du Chaperon rouge, jusqu’à l’arrivée des chasseurs et du pauvre loup lesté de pierres. 


  


Pendant que nous discutons avec les femmes du village, les enfants restent plongés dans les livres et en font même profiter les tout-petits. Les livres sont posés à même le sol, sur une natte, mais on sent vraiment qu’ils les respectent et en prennent soin !


Il est temps pour l’ALM de reprendre la route, de saluer les vieux, le chef du village, les femmes, et de repartir vers Kalalé-Centre.




samedi 1 juin 2013

Mot de la Présidente - Juin 2013

Un livre ne serait rien s’il ne nous permettait pas de nous échapper et de faire l’expérience de la rencontre le temps d’une lecture.

En effet, chaque livre est une rencontre, une rencontre avec son auteur d’abord qui livre parfois au lecteur un « misérable tas de petits secrets », disait Malraux. Une rencontre avec les autres lecteurs, ensuite, avec lesquels on peut se retrouver autour d’une lecture. Une rencontre avec les personnages fictifs, avec soi-même etc. Que de rencontres me direz-vous ! 

En effet, durant ce 2ème trimestre, l’ALM les a multipliées, concrétisées en poursuivant, bien sûr, les ateliers lecture/création mais également en participant à la première édition du Salon du Livre et de l’Alphabétisation de Parakou (SLAP) et en s’associant à la Semaine de la Langue Française et de la Francophonie. 

Nous vous invitons à découvrir ou à redécouvrir à travers ce blog ces deux temps forts.

mercredi 8 mai 2013

Les enseignants et les albums de jeunesse



Au nord-est du Bénin, le Livre Migrateur n’a pas de mal à séduire les jeunes issus pour la plupart de familles de cultivateurs qui n’ont pas la possibilité de lire à la maison, ni même à l’école.
Dans ce contexte géographique et culturel, la question n’est pas de savoir comment conduire le lecteur vers le livre mais comment mener le livre vers le lecteur. Il s’agit aussi de savoir comment convaincre les enseignants, parfois réticents, à lire régulièrement à leurs élèves des histoires porteuses de sens et source d’apprentissages linguistiques en complément des manuels scolaires ou des textes prétextes qu’ils utilisent.


La solution paraissait simple : proposer des animations lectures aux élèves en présence des enseignants afin de leur démontrer les effets des histoires lues sur le langage et la compréhension orale. Au fil des séances, les enseignants ont constaté que la participation des enfants était plus importante, que les élèves s’appropriaient plus facilement les phrases et les mots des textes entendus qu’ils réinvestissaient spontanément.

Les élèves dont le bagage lexical est trop pauvre se rassurent en s’appuyant sur les illustrations. A l’enseignant de nommer ce que l’enfant montre du doigt.
Finalement, certains instituteurs sont tombés sous le charme et la magie des albums de jeunesse au point d’emprunter régulièrement des livres de la « valisette à histoires » qu’ils lisent à leurs élèves.